Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien qu’une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd’hui
Étiquette : paul éluard
Si tu souris c’est pour mieux m’envahir
Si je te parle c’est pour mieux t’entendre
Si je t’entends je suis sûr de comprendre
Si tu souris c’est pour mieux m’envahir
Si tu souris je vois le monde entier
La courbe de tes yeux
La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu,
C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.
Le monde entier dépend de tes yeux
Comme le jour dépend de l’innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.
Adieu tristesse
Adieu tristesse,
Bonjour tristesse.
Tu es inscrite dans les lignes du plafond.
Tu es inscrite dans les yeux que j’aime.
Paul Éluard, extrait de À Peine Défigurée dans La vie immédiate (1932)