Les arbres se livrent peu à peu à leurs branches, penchent vers leur couleur et poussent en tous sens des feuilles pour se gagner les murmures de l’air. Ils respectent comme des dieux leurs images dans les étangs où tombent parfois des feuilles sacrifiées. Les racines se demandent s’il faut ainsi s’accoupler au sol. Au milieu de la nuit l’une sort de terre
pour écouter les étoiles et trembler. La mer entend un bruit merveilleux et ignore en être la cause.
Extrait de Âge des cavernes, Jules Supervielle (1884 – 1960)