Les poissons qui se croisent feignent de ne pas se voir. Puis se cherchent durant des siècles. Les rivières s’étonnent d’emporter toujours le ciel au fond de leur voyage et que le ciel les oublie. Le ciel ne pose qu’une patte sur l’horizon, l’autre restant en l’air, immobile, dans une attente circulaire. Tout le jour la lumière essaie des plumages différents et parfois, au milieu de la nuit, dans l’insomnie des couleurs.
Extrait de Âge des cavernes, Jules Supervielle (1884 – 1960)