J’ai la joie facile.
J’ai la joie si facile qu’au carnaval municipal je pleure devant des chars en papier crépon parce que tant d’efforts pour embellir la vie ça me bouleverse.
On me dira « c’est pas grand chose » mais les choses ne doivent pas être grandes pour être belles.
J’aime les choses minuscules, qui coûtent plus de coeur que d’argent, que l’on fait avec des mains qui cherchent un sourire.
J’aime les dessins que les enfants collent sur les chars et la perruque disco d’une dame d’un certain âge. J’aime ces gens qui n’ont aucune raison d’être là mais qui le sont pour nous, c’est vraiment « quelque chose » cette offrande de bonheur.
Autour de moi ils sourient peu, applaudissent encore moins. J’ai peur d’un monde qui oublie d’applaudir, j’ai peur des gens qui ne sourient plus. Plus loin à l’Est, les bombes. Chez nous, les confettis. Et ces gens, immobiles, qui oublient de rêver.
Alors j’applaudis. À m’en brûler les paumes, à en mouiller les yeux.
Moi, j’ai la joie facile.