Le calme, Sainte-Beuve

Souvent un grand désir de choses inconnues,
D’enlever mon essor aussi haut que les nues,
De ressaisir dans l’air des sons évanouis,
D’entendre, de chanter mille chants inouïs,
Me prend à mon réveil ; et voilà ma pensée
Qui, soudain rejetant l’étude commencée,
Et du grave travail, la veille interrompu,
Détournant le regard comme un enfant repu,
Caresse avec transport sa belle fantaisie,
Et veut partir, voguer en pleine poésie.

Extrait du poème Le calme dans le recueil Vie, Poésies et Pensées de Joseph Delorme, Sainte-Beuve (1829)